Ça y est ! C'est la fin du ramadan - Eid Al Fitr - et malheureusement j'ai pris du retard sur la publication de l'article que ma bonne amie E. m'a envoyé il y'a de cela déjà plusieurs jours. J'étais censée le publier avant la fin du ramadan mais bon ! il s'est avéré que ces foutues allergies saisonnières ont rendu ma vie misérables ces derniers temps. Heureusement que le ramadan a lieu tous les ans donc son texte ne sera jamais caduc.
Si vous êtes intéressée à en connaître davantage sur le ramadan en Turquie, alors bonne lecture !
Aujourd’hui je voudrais vous parler du ramadan en Turquie avant et après la Covid.
Bien sûr comme tout le reste, tout était beaucoup mieux avant la Covid. Mais bon on a appris à vivre avec et à changer nos habitudes .
Tout d'abord je vais vous expliquer ce qu'est le ramadan. C’est le 4ième des pilliers de l’islam.
Dans l’islam, il y’a 5 piliers:
la profession de foi - la Shahada ou Kelime-i şehâdet en turc,
l’aumône,
le pèlerinage à la Mecque,
le ramadan,
la prière cinq fois par jour.
Le saviez- vous ?
"Le ramadan est une période de recueillement au cours de laquelle les musulmans n'ont pas le droit de manger, de boire, de fumer, ou encore d'avoir des relations sexuelles, et ce, de l'aube au coucher du soleil."
Le jeûne du ramadan est suivi par tous les musulmans pratiquants .
Tous les ans sa date change entre 10 et 12 jours car il suit le calendrier lunaire.
C'est un mois de partage et d‘empathie.
Ramadan avant la COVID
Avant la Covid, les municipalités offraient des repas pour les gens en difficulté ou bien pour ceux qui n’avaient pas le temps de rentrer chez eux pour la rupture du jeûne. Ces repas se faisaient dans des grandes tentes, dans les centres villes.
En été à Istanbul les gens préparaient leur repas chez eux et se retrouvaient dans les parcs pour casser le jeûne.
Le jeûne commence après la prière du matin (imsak) et se termine au coucher du soleil au moment de la prière du soir.
Entre-temps, il y a le Sahur qui est un repas qui se fait environ 1 h avant le lever du soleil.
C'est une sorte de petit déjeuné juste avant le jeûne de la journée .
En Turquie avant la Covid on s'invitait beaucoup chez les uns et les autres pour le repas du soir. C'était très convivial et plutôt festif.
Dans les grandes villes il y avait les marchés du ramadan comme les marchés de noël en France, avec des activités pour les enfants, des représentations de Karagöz er Hacivat (Théâtre d'ombre traditionnel turc), des ventes d' objets, de bijoux ou d'accessoires fait à la main. Bref cela nous donnait vraiment l'impression de passer un mois différent des autres.
Ramadan durant la COVID
Avec la Covid ce genre de marchés a été interdit donc adieu les distractions après la rupture du jeûne.
Pendant le ramadan tout le monde continue de travailler mais les administrations ou certains employeurs du privé permettent à leur employés de quitter leur travail au moins 1 heure à l'avance pour leur permettre de préparer le repas du soir.
Cette année à cause de l’augmentation des cas de Covid, le gouvernement a installé un couvre feu à 19 h juste avant la rupture du jeûne pour éviter que les gens ne se rassemblent chez les uns et les autres. Donc cette année tout comme l'année dernière c'est chacun chez soi. Mais cela ne nous empêche pas de préparer un bon dîner.
Les différents repas du ramadan
En Turquie il y a un incontournable que l’on mange tous les jours pendant le ramadan : le Pide.
C’est un pain rond, plat, badigeonné de jaune d’œuf et recouverts de graines de sesame et de graines noires appelées Çörek Otu.
Lorsque le muezzin lit la prière du soir à la mosquée, nous savons qu'il est l'heure de casser le jeûne et de commencer l’Iftar.
Durant le ramadan, les dattes occupent une place bien particulière pour les musulmans. Traditionnellement, c'est une datte qui est le premier aliment dégusté au moment de rompre le jeûne, car c'est une datte qu'aurait consommée le prophète Mahomet en rompant lui-même cette période sans nourriture, c' est pour ça que l' on commence le repas en mangeant une datte et en buvant un peu d’eau, pas trop pour ne pas gonfler l'estomac.
Puis nous poursuivons le repas avec une soupe, il est toujours recommandé de boire une soupe, pour éviter d' agresser l'estomac avec des aliments solides.
Après la soupe, on continue le repas avec le plat principal qui se constitue en général de viande mijotée avec des légumes, du riz ou du boulgour.
Sur la table il y a aussi différentes sortes de mezzes, salade, olives et fromages turcs.
Le repas se termine par un dessert traditionnel que l'on appelle le Güllaç, à base de lait et d' eau de rose.
Après le repas il y a l'incontournable boisson nationale turque : Le thé que l' on boit en grignotant des graines de tournesols ou autres fruits secs.
Une fois le repas terminé environ 1h-1h30 après les mosquées se remplissent de fidèles pour la prière de Teravih namazı, une prière faite seulement pendant le ramadan. Elle peut être effectuée seule à la maison ou à la mosquée.
Avant la Covid, les soirées étaient plus animées puisque nous pouvions sortir après le repas d'iftar. Les restaurants restaient ouvert jusqu'au Sahur (repas fait avant le début du jeûne ) et à l'heure de la rupture du jeûne un menu spécial iftar était proposé.
Avant le lever du soleil
Le Sahur, comme je viens de l'écrire, c'est le repas que l'on fait avant le lever du soleil. Une heure ou deux avant l’aube, un batteur marche dans les rues en battant le rythme au son d’un tambour. On l' appelle le ramazan davulcusu. Le but est de réveiller tout le monde à temps pour le Sahur.
A la fin du mois de ramadan, les ramazans davulcusu viennent frapper aux portes des habitants pour être payés pour le travail qu'ils ont fait. Chacun donne ce qu'il veut, il n'y a pas de montant fixe.
Le Sahur se passe comme un petit déjeuner copieux qui permettrait de tenir toute la journée sans boire ni manger.
Puis lorsque le muezzin lit la prière, le jeûne recommence jusqu'au lendemain soir.
Ramadan : Mois de partage
Le ramadan n’est pas seulement un jeûne, c'est surtout un mois de partage. C'est le moment où l’on pense le plus aux nécessiteux.
Depuis des siècles, les personnes qui ont les moyens vont à l'épicerie du quartier pour payer les dettes des habitants dans le besoin.
Dans certaines villes, cette tradition perdure et des hommes d'affaires rachètent "le cahier de crédit" où est noté la dette de chaque personne.
C’est le mois de la modération, il faut éviter l’excès dans la nourriture mais aussi les achats, la vanité, et éviter le commérage et les mensonges.
A la fin du mois du ramadan, il y a une fête de 3 jours qui consiste à rendre visite à la famille et aux amis mais aussi à les recevoir à la maison en leur proposant des friandises; les enfants embrassent les mains des aînés et reçoivent un peu d'argent en retour.
Bien sûr cette année ça ne sera pas possible car nous sommes confinés jusqu'à la fin des fêtes , donc espérant que l'année prochaine nous puissions revivre les ramadans d' autrefois.
Inchallah.
Je suis reconnaissante que ma bonne amie a réussi à m’éclairer sur cette célébration qui est tant importante pour les musulmans pratiquants. Je possède que des beaux souvenirs de mon adolescence de cette période durant laquelle nos voisins maliens nous partageaient un bon repas copieux pour célébrer la fin du ramadan.
Pour honorer cette célébration, j'aimerais conclure avec la citation suivante :
"L'haleine du jeûneur est plus parfumée auprès de Dieu que l'odeur du musc."
Mahomet - Prophète, Religieux (570 - 632)
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