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Mon deuil en temps de COVID

Dernière mise à jour : 23 août 2021




Voilà que nous avons enfin laissé derrière nous l’année 2020. Je crois bien que nous sommes toutes contentes qu’elle soit finie. J'irai même jusqu'à dire que cela serait superbe de trouver un moyen de juste rayer de notre mémoire l’année 2020. En ce qui me concerne, si je pouvais souffrir d'une forme d'amnésie qui ferait en sorte que dans ma tête 2020, n'existerait pas, et que je passerai de 2019 à 2021. Ce serait superbe !


2020 nous a tous fait chier ! On a été forcé de se confiner, aller faire des courses était devenu un vrai calvaire ou un parcours de combattant, il fallait faire la queue un peu partout, s'éloigner des gens lorsqu'on les rencontre sur le trottoir comme s'ils étaient des lépreux, on s’est étouffées sous les masques, on a pris du poids car on bouffait plus et on bougeait moins, on a endurés les enfants et le mari pendant que l’on faisait du télétravail. Et comme si cela n'était pas suffisant, soit on a attrapé la COVID ou perdu un être cher à cause de la COVID.


En ce qui me concerne, 2020 restera dans ma mémoire comme l'année durant laquelle pour la 1ere fois de ma vie j'ai été doublement endeuillée. En effet, j'ai perdu mes deux oncles, un du côté maternel et un du côté paternel, ils sont tous les deux décédés à l'extérieur du pays et pour des raisons autres que la COVID.


J'ai perdu mon oncle paternel au mois de juin. Mon oncle maternel a été hospitalisé au début du mois de novembre et il est décédé un mois plus tard. Il a été enterré vers la mi décembre et malheureusement je n'ai pas pu assister aux funérailles. Je possède des souvenirs plus précis de mon oncle maternel car il a toujours fait partie de ma vie, de mon enfance à mon adolescence jusqu’à ma vie adulte contrairement à mon oncle paternel.


La perte de mes deux oncles m'ont permis de prendre conscience des défis liés à l'expérience du deuil en temps de COVID. Combien d'histoires n'avons nous pas entendu des personnes ayant perdu un être cher à cause de la Covid et qu’elles n'ont pas pu embrasser et dire adieu. Et cela même si tu vivais dans la même ville que cet être cher car le contact physique était interdit. Alors imaginez vous lorsque la distance géographique entre en considération, pas moyen de dire adieu, pas moyen de pleurer avec les siens ou de les consoler. Cela complique encore plus l'expérience du deuil et la rend encore plus douloureuse.


Eh, Oui, sacré Covid qui nous force à faire les choses différemment. À cause de la distance géographique, j’ai vécu mon deuil loin de ma famille sans aucune possibilité de les soutenir physiquement et mon seul moyen de garder contact était par voie téléphonique.


Zoom, ma mère elle ne connaît pas, déjà qu’elle a du mal à faire un selfie et elle compte sur sa petite fille de 12 ans pour lui montrer comment manier son téléphone intelligent ou sa tablette. Lorsque j’ai demandé à un de mes frères de faire un live video feed de la cérémonie d’enterrement, il m’a demandé : “C’est quoi un live feed ?“

Non ce n’est pas parce que j’ai utilisé le terme anglais, c’est tout simplement qu’il ne savait vraiment pas ce que c’était.


Alors, vous pouvez comprendre comment c’est difficile et compliqué de vivre son deuil à distance.


Même s’il n’y avait pas de COVID, cela m’aurait été difficile de rejoindre ma famille car mon employeur m’autorise seulement 3 jours de congé de deuil en cas de décès d’un oncle. Malheureusement, cela aurait été impossible de profiter de ces 3 jours à cause de la distance géographique car juste pour se déplacer du Canada vers l’Europe, cela aurait grignoté 2 jours sur les 3 jours de congé.


Cependant en temps de COVID, je me considère chanceuse d'avoir pu profiter de ces 3 jours de congé de deuil.


Comme je travaille dans le milieu scolaire, je ne possède pas de journée de congé car les congés scolaires sont nos congés. Cependant mon employeur m’alloue 5 journées de congés spéciaux dont je n’ai pas le droit de prendre consécutivement. Je sais, c’est compliqué comme affaire. En gros, il faut toujours espérer qu’une urgence familiale nécessitant votre présence survienne seulement lors des congés scolaires. Mais nous savons tous qu’il est impossible de prévoir quand l’urgence va survenir.

En ce qui me concerne, le hasard a bien fait les choses vu que les funérailles de mon oncle ont eu lieu quelques jours avant le début des congés scolaires. J'ai donc pu me prévaloir de mes 3 jours de congé de deuil et débuter mon processus de deuil sans avoir à me soucier d'avoir à reprendre le travail tout de suite.


La COVID, la distance géographique, l’utilisation de la technologie ont fait de mon expérience de deuil quelque chose d’assez particulier.


Mais cela m’a permis de prendre conscience que pour certains employés dont la famille réside à l’extérieur du Canada, le fait de ne pas bénéficier des avantages sociaux leur permettant d’obtenir un congé de deuil serait catastrophique. Mais si l’employeur leur autorise de prendre un congé de deuil, il est important qu’il comprenne que le deuil se vit différemment dépendamment des cultures; et que si la famille de l’employé se trouve à une distance géographique, il devra faire preuve d’une grande flexibilité afin de lui allouer plusieurs jours de congé de deuil.


Vu que 3 jours de deuil n’est pas suffisant lorsqu’on doit voyager du Canada vers un pays d’Europe, d’Asie ou d’Afrique, cela risque de créer un dilemme moral car l’employé sera obligé de souvent faire le choix difficile de ne pas assister aux funérailles ou de tout simplement espérer avoir un employeur compréhensible qui va l’autoriser à puiser dans ses congés annuels. Malheureusement, ce ne sont pas tous les employeurs qui ont les moyens de faire preuve de flexibilité envers leurs employés.


 

Le saviez vous que d'après les données du recensement 2016 (un nouveau recensement aura lieu en 2021):


- La population immigrante canadienne représentait 21,9 % de la population totale, soit plus d'un Canadien sur cinq.

-Que 7 des 10 principaux pays de naissance des immigrants récents étaient des pays asiatiques, soit les Philippines, l’Inde, la Chine, l’Iran, le Pakistan, la Syrie et la Corée du Sud.

- Les Africains étaient pour la première fois plus nombreux que les Européens à avoir immigré au Canada

- En tout, 13,4 % des immigrants arrivés entre 2011 et 2016 provenaient de l’Afrique.

- Le Nigeria, l’Algérie, l’Égypte, le Maroc et le Cameroun étaient les cinq pays de naissance des immigrants les plus récents.

- Statistique Canada projette que la proportion de la population canadienne née à l’étranger pourrait atteindre de 24,5 % à 30 % en 2036.


 

Ce que l’on peut comprendre des chiffres fournis par Statistique Canada, c’est qu'il est très fortement probable qu’un employeur aura un employé, qui suite au décès d'un membre de sa famille, sera obligé de se rendre à des milliers de km du Canada pour organiser des funérailles, ou assister à des funérailles, ou s'occuper de la succession, ou nettoyer les affaires d'un membre de la famille décédé.


J’avoue que je suis reconnaissante de posséder un emploi avec des avantages sociaux. Cependant je ne peux pas m’empêcher de me préoccuper de ceux dont la famille est à l’extérieur du Canada et qui ne possèdent pas un emploi avec des avantages sociaux. Comment vont-ils faire ? Quels genres de choix difficiles vont-ils devoir prendre ? Ce sont des questions pertinentes dont il faut se poser et tenter de trouver des solutions.


Comme mon thème est sur le deuil, je ne peux pas m'empêcher de conclure en dédiant la citation suivante à toutes les familles qui ont perdu un être cher en ce temps de COVID :



“Everything that has a beginning has an ending. Make your peace with that and all will be well.“ Buddha


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